Avant-propos
Depuis plusieurs années, on ne cesse de parler de la dette publique de l’État français, notamment concernant les dépenses sociales et les dépenses de santé [1]. En 2024 l’Insee l’estimait à plus de 3 305 milliards d’euros [2]. Face au manque de ressources et à la demande exponentielle de soins, majoritairement dus au vieillissement de la population [3], il est capital de s’inspirer des sciences économiques [4] afin d’optimiser l’allocation des ressources dans un système contraint. Cela est encore plus vrai en France où, historiquement (mais de moins en moins), un système « social maximaliste » (favorisant l’aide sociale au détriment des dépenses) a été mis en place depuis plusieurs décennies, comme l’a développé Foucault en 1983 [5].
Dans ce contexte, l’allocation de ressources peut amener une société à réfléchir sur différents dilemmes moraux majeurs (conflit entre bienveillance et justice) [6]. Il n’existe jamais vraiment de réponse simple et uniciste, mais trois grands points de vue peuvent être adoptés : (1) celui purement économique (welfarisme) [7] ; (2) celui plus utilitariste (égalité stricte) ou alors (3) celui de l’acceptabilité sociale (le « quoi qu’il en coûte »).
Au vu de la consommation de soins importante (comorbidités [8], polymédication [9], dépendance et fragilité [10]) et de l’âgisme [11, 12] (ou “vieillophobie” ) sociétal et institutionnel dont nos aînés sont victimes, les gériatres doivent pouvoir convaincre les décideurs d’allouer de toute urgence des moyens à la gériatrie. Pour cela ils doivent s’approprier les outils médico-économiques. C’est ce défi que nous allons tenter de relever à travers cet article en offrant successivement des réflexions sur le care et la gériatrie, puis en offrant des outils médico-économiques et de potentiels cas d’usage en gériatrie.
Le care, une absence « cruelle » de valorisation
Avant de se concentrer sur le cas de nos aînés, tentons d’offrir des pistes de réflexion concernant le domaine du care en France. Avant de parler des causes de non-valorisation, développons d’abord ce qu’est le care. Selon Sandra Laugier et Pascale Molinier en 2009 [13], c’est un domaine d’activité visant à « s’occuper de », « faire attention à », « prendre soin de » ou « se soucier de ». On peut voir que cette définition est bien plus large que celle donnée par l’Académie de médecine en 2015, bien plus curative et médicale : « ensemble des mesures et actes visant à faire bénéficier une personne des moyens de diagnostic et de traitement lui permettant d’améliorer et de maintenir sa santé physique et mentale ». Dès cette étape, on peut déjà remarquer un biais majeur expliquant la non-valorisation sociétale et économique des actes considérés comme sortant du champ des soins médicaux (soins relationnels, aide dans les actes de la vie quotidienne ou encore lien soignants-soignés et soignants-aidants…).
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