Cancer colo-rectal de la personne âgée : attention aux préjugés en cas de localisations secondaires ou de troubles cognitifs chroniques

Vignettes de cas cliniques

Vignette clinique 1 :
« En cas de troubles cognitifs chroniques sévères, la chirurgie du cancer n’est pas indiquée ? »

Une femme de 84 ans consulte son médecin pour une perte de poids de 10 kg. L’examen est normal, la biologie montre une anémie à 8,5  ­g/dl ferriprive, indiquant l’endoscopie digestive. La coloscopie montre une sténose tumorale infranchissable du sigmoïde, révélant un adénocarcinome.
Le lendemain, la patiente est adressée aux urgences pour syndrome infectieux. Le scanner abdominal révèle un syndrome tumoral colique pré-occlusif sans localisations secondaires et un aspect de sigmoïdite abcédée dans la zone tumorale.
Les chirurgiens demandent une évaluation onco-gériatrique aux urgences par l’équipe mobile de gériatrie, pour une aide à la décision quant au niveau d’engagement thérapeutique immédiat. Elle retrouve :
• des comorbidités : HTA, stent coronaire (FEVG normale), diabète de type 2 (HbA1c à 6,6 %), fonction rénale préservée (DFG 80 ml/min)  dont le traitement optimal a été contrôlé ;
• un cumul de vulnérabilités gériatriques sans lien avec la tumeur : – la patiente vit seule (enfants proches), elle a présenté trois chutes dans l’année (dont une avec station au sol),
– elle marche avec une canne et ne sort pas seule ;
– sa perte de poids dans les 6 derniers mois est supérieure à 10 % du poids de référence ;
– un déclin sensoriel (hypoacousie appareillée, cataracte œil gauche au stade chirurgical) ;
– un syndrome dépressif traité,  des troubles cognitifs chroniques non explorés (questions répétées en boucle, dépendance pour toutes les activités instrumentales de vie quotidienne, IADL à 0/8, notion de propos délirants sur son voisinage) ;
• une autonomie pour activités de vie quotidienne (ADL) préservée à 6/6.