Résumé
Des études suggèrent que les effets cognitifs des psychotropes pourraient persister au-delà de la période d’exposition et augmenter le risque de démence. Cette association entre exposition aux psychotropes et démence est surtout documentée pour les benzodiazépines. Toutefois, l’existence d’un lien causal est à ce jour spéculative, car un biais de causalité inversée ne peut pas être formellement exclu. Pour les antipsychotiques, le niveau d’évidence est plus faible, et l’effet fonctionnel des anomalies structurelles cérébrales induites par ces traitements est incertain. Inversement, le lithium, trop peu prescrit, pourrait avoir des effets neuroprotecteurs, justifiant la réhabilitation de ce traitement très efficace dans la thérapie et la prévention des troubles bipolaires.
Introduction
Les conséquences cognitives délétères des psychotropes anxiolytiques et/ou ayant des effets anticholinergique sont largement documentées [1, 2]. Ces effets indésirables surviennent pendant la période d’exposition à ces psychotropes et régressent à l’arrêt de la prise. Néanmoins, plusieurs études suggèrent que ces effets pourraient persister après l’arrêt du traitement, voire augmenter le risque de démence [3, 4].
Du fait de la fréquence élevée d’usage des psychotropes dans la population générale, il est essentiel de déterminer s’il existe un lien causal entre l’exposition aux psychotropes et la survenue d’une démence. Même si l’augmentation du risque de déclin cognitif est minime, elle pourrait générer un nombre important de cas de démence du fait du nombre de personnes exposées aux psychotropes, et donc avoir de larges répercussions sur la santé des populations. L’exposition aux psychotropes étant un facteur de risque modifiable, les enjeux sont donc importants en termes de santé publique.
Exposition aux psychotropes et risque de démence : un lien complexe à évaluer
Les études observationnelles qui visent à déterminer si l’exposition à des psychotropes modifie le risque de démence se heurtent à de nombreuses limites méthodologiques. Démontrer que la prescription de psychotropes est la cause et non la conséquence du déclin cognitif est un vrai défi méthodologique [1, 3, 5]. En effet, les psychotropes peuvent être prescrits plusieurs années avant la confirmation du diagnostic de démence pour traiter des symptômes prodromiques (troubles du sommeil, symptômes anxieux, dépressifs, etc.). Il est donc difficile d’exclure totalement un biais protopathique (ou de causalité inversée), même si les études utilisent des méthodes d’échantillonnage et statistiques rigoureuses.
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