Devant la pauvreté des traitements médicamenteux disponibles dans la maladie d’Alzheimer, maladie dégénérative à l’origine d’une perte d’autonomie majeure sur le long terme, il a fallu se tourner vers les facteurs de risque évolutif potentiellement modifiables, et en faire un atout pour lutter contre l’apparition des troubles de la mémoire, et tenter ensuite d’en ralentir sa détérioration.
Parmi ces facteurs de risque modifiables, l’hygiène de vie est apparue comme d’une importance capitale. Elle intègre :
• le régime alimentaire,
• le sport,
• les activités intellectuelles,
• les loisirs et les activités sociales,
• et la prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaires tels que l’hypertension artérielle, l’obésité, le diabète, le tabagisme et la dyslipidémie.
Le rôle de l’alimentation est donc apparu comme essentiel. Prouvé scientifiquement, le régime méditerranéen semble maintenant clairement être bénéfique, tant dans la prévention que dans le ralentissement de l’évolution de la maladie d’Alzheimer.
Physiopathologie de la maladie d’Alzheimer
Parmi les pathologies touchant particulièrement la personne âgée, on retrouve les maladies neurocognitives, dont la maladie d’Alzheimer, qui est la première cause de démence, avec 900 000 personnes concernées en France à ce jour, et qui touche 15 % de la population à 80 ans.
On retrouve également les pathologies apparentées, à savoir la dégénérescence fronto-temporale, la démence à corps de Lewy, ou encore la démence vasculaire.
La maladie d’Alzheimer est une maladie touchant spécifiquement les fonctions cognitives, initialement la mémoire épisodique, aussi appelée mémoire autobiographique, c’est-à-dire la mémoire des faits ou informations récentes, vécues. Elle est par la suite accompagnée de troubles exécutifs, c’est-à-dire un défaut de planification et d’organisation, et de troubles comportementaux.
D’un point de vue physiopathologique, cette maladie est due à une accumulation anormale de protéines ABETA 1-42 (bêta-amyloïde) au niveau des synapses des neurones du lobe temporal interne, plus particulièrement au niveau des hippocampes, qui est la zone de la mémoire épisodique par excellence. Cette protéine en excès forme des plaques amyloïdes qui entraînent un dysfonctionnement de ces neurones. Ces agrégats génèrent un stress oxydatif et une inflammation, par activation des cytokines, ainsi qu’un dysfonctionnement mitochondrial et un hypométabolisme, prédominant au niveau temporal.
Dans un deuxième temps, qui peut être précoce, vont également s’accumuler des protéines tau et tau phosphorylées, au sein même des neurones, entraînant leur dégénérescence, et donc aboutissant à une atrophie des hippocampes.
Il est à noter que ces protéines interagissent avec l’orexine, qui est l’hormone de l’éveil, réduisant les phases de sommeil. Ainsi, un sommeil de bonne qualité, avec peu de réveils nocturnes, a une importance sur le déclin cognitif.
On sait maintenant que le microbiote (ou flore intestinale), qui est constitué de micro-organismes tels que des bactéries, parasites, virus et champignons non pathogènes, constitue la barrière intestinale et a une importance dans la maladie d’Alzheimer. En effet, l’amylose (c’est-à-dire l’accumulation de protéines amyloïdes ABETA 42) peut modifier le microbiote, et créer une inflammation locale, modifiant cette barrière intestinale et la rendant plus perméable, ce qui entraîne une diffusion de l’inflammation et pérennise le phénomène pathologique intra-cérébral [1, 2]. On imagine donc aisément qu’une alimentation saine pourrait être utile dans cette maladie, puisqu’elle prend soin du microbiote.
Enfin, grâce à un microbiote riche et varié, nous renforçons notre barrière hémato-encéphalique, ce qui permettrait, entre autres, d’augmenter notre taux de sérotonine, un neurotransmetteur décrit comme l’hormone du bonheur [3]. Or l’humeur joue un rôle crucial dans l’évolution de la maladie d’Alzheimer [4, 5].
Quelles sont les recommandations en termes de régime alimentaire dans la maladie d’Alzheimer ?
Plusieurs études ont prouvé l’effet bénéfique du régime dit « méditerranéen », ou crétois [6-8] dans la maladie d’Alzheimer. On s’est effectivement rendu compte que les habitants de l’île d’Icarie, en Grèce, avait une espérance de vie plus longue, tout en ayant une faible incidence de maladies neurodégénératives, telle que la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson.
Cet effet positif a été retrouvé également dans quatre autres zones géographiques, dites « zones bleues », dont Barbaglia en Sardaigne italienne, la péninsule de Nicoya, l’île japonaise d’Okinawa, et Loma Linda aux États-Unis. Les points communs de ces zones bleues sont, sans surprise, le régime alimentaire, qui privilégie la qualité à la quantité, et limite la consommation de produits animaux tels que la viande rouge. On retrouve également la pratique d’activités physiques régulières, un état d’esprit positif avec peu de stress, éventuellement associé à de la méditation, un bon sommeil, et des activités sociales enrichissantes [9].
Le régime dit « méditerranéen », toujours d’après de nombreuses études [10-14], en plus d’améliorer les performances cognitives, permettrait de réduire le risque cardiovasculaire, de réduire le risque de cancer, de perdre du poids, et même d’améliorer la qualité du sommeil chez les personnes âgées de plus de 75 ans.
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