Le fossé culturel avec les aînés

En première approche il y a, entre nombre de personnes nées avant 1950 et les plus jeunes, une différence concernant les centres d’intérêt et les compétences en matière de ce qu’on appelle les nouvelles technologies. Certes, tous les aînés ne sont pas ignares en informatique, mais ils n’ont généralement pas la même aisance que les “juniors” et rares sont ceux qui investissent les jeux vidéo.

Mais le fossé culturel est bien plus profond. Et quand les vieux disent : « de mon temps… », c’est un peu comme s’ils venaient d’un pays différent de celui où ils vivent et auquel ils se sont plus ou moins adaptés. Les usages ne sont plus les mêmes concernant le rapport à autrui (notamment à l’autre sexe), le rapport à la loi, à la rue, à l’argent… Avec une différence concernant les rapports inter-âges : la scolarité étant plus courte et l’accès aux études supérieures plus rare dans les années 40-50, les adolescents étaient moins enfermés dans une bulle culturelle. Car la grande majorité d’entre eux accédait au travail, après le certificat d’études à 14 ans, d’où une forme d’insertion intergénérationnelle.

Un contexte socio-historique marquant

Les personnes âgées dont nous entendons parler ont en commun une petite enfance marquée par les conséquences de la guerre de 1939-45, avec la débâcle, l’occupation allemande et le problème des “restrictions” (jusqu’en 1949). Période de rationnement, où même en possession de tickets on pouvait connaître la faim, au point d’en mourir, comme ce fut le cas dans certains hôpitaux psychiatriques. En fait, tout était rationné et on veillait à ne rien jeter inutilement. À titre d’exemple, les fumeurs gardaient leurs mégots pour rouler d’autres cigarettes ou fumer dans la pipe le tabac récupéré. Des pénuries sectorielles durèrent même au-delà des restrictions officielles, puisqu’en 1955 il fallait 3 ans pour avoir le téléphone ou une 2CV.