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Cette chronique est dédiée aux bases de la gériatrie. S’appuyer sur les concepts fondamentaux est essentiel à notre pratique clinique.

 

Le vieillissement est caractérisé par des évolutions différentielles selon les organes, chaque individu étant affecté de manière unique. Les effets sur l’organisme sont visibles à travers la diminution des capacités fonctionnelles, rendant l’adaptation aux situations de stress ou d’agression plus difficile (Fig. 1).

 

Figure 1 – Principaux systèmes touchés par le vieillissement normal.

Le système nerveux

Le vieillissement du système nerveux entraîne une diminution progressive du nombre de neurones corticaux, ainsi qu’une raréfaction de la substance blanche et une diminution des neurotransmetteurs tels que l’acétylcholine.

Ces changements se traduisent par une baisse des capacités mnésiques, notamment pour l’acquisition d’informations nouvelles, et une augmentation des temps de réaction. De plus, le vieillissement s’accompagne d’une réduction et d’une déstructuration du sommeil, ainsi que d’une désorganisation des rythmes circadiens due à la diminution de la sécrétion de mélatonine.

Le vieillissement du système nerveux se caractérise également par une réduction de la sensibilité des récepteurs de la soif, par des modifications du métabolisme de l’arginine vasopressine, et par une réduction de la sensibilité proprioceptive, ce qui peut entraîner une instabilité posturale accrue. Par ailleurs, le vieillissement du système nerveux autonome se traduit par une hyperactivité sympathique et une diminution de la réponse des récepteurs aux catécholamines, réduisant la capacité du corps à s’adapter au stress.

Les organes sensoriels

Le vieillissement affecte les organes sensoriels de diverses manières.

• La vue
La presbytie, qui correspond à une réduction de l’accommodation, est un phénomène courant du vieillissement visuel. Elle débute en fait dès l’enfance, mais ses conséquences fonctionnelles apparaissent vers la cinquantaine. De plus, une opacification progressive du cristallin peut entraîner une cataracte, altérant la qualité de la vision.

• L’audition
Le vieillissement de l’appareil ­cochléovestibulaire s’accompagne d’une perte progressive de l’audition, particulièrement sur les sons aigus, entraînant une presbyacousie qui affecte la communication.

• Le goût et l’odorat
Les modifications du goût et de l’odorat sont souvent observées chez les personnes âgées, bien que les données à ce sujet soient parfois controversées. Ces altérations peuvent contribuer à une réduction de l’appétit et, par conséquent, à une diminution des apports nutritionnels.

Le système cardiovasculaire

Le vieillissement du système cardio­vasculaire se caractérise par une série de changements anatomiques et fonctionnels. Le débit cardiaque au repos reste relativement stable, mais la capacité d’adaptation du cœur à l’effort diminue avec l’âge. On observe une augmentation de la masse cardiaque et de l’épaisseur pariétale du ventricule gauche, ce qui altère le remplissage ventriculaire et réduit la fonction diastolique. Par ailleurs, les modifications structurelles de l’élastine et du collagène de la paroi artérielle entraînent une rigidification des artères et une diminution de leur compliance, ce qui contribue à l’augmentation de la pression artérielle systolique.

Le système digestif

Le vieillissement du système digestif entraîne plusieurs modifications.

• L’appareil bucco-dentaire
Le vieillissement s’accompagne souvent de modifications de l’appareil bucco-dentaire, notamment une diminution du flux salivaire, pouvant entraîner une sensation de bouche sèche et des difficultés de mastication.

• La sécrétion gastrique
On observe une diminution de la sécrétion acide des cellules pariétales gastriques, entraînant une hypochlorhydrie qui peut altérer la digestion des protéines et favoriser des infections gastro-intestinales.

• Le transit intestinal
Le transit intestinal est ralenti, principalement en raison de la diminution du péristaltisme, entraînant une constipation fréquente chez les personnes âgées. Le vieillissement est également associé à une diminution de la masse et du débit sanguin hépatiques, ce qui affecte la clairance de certains médicaments.

Le système respiratoire

Le vieillissement entraîne une diminution de la compliance pulmonaire et thoracique, ainsi qu’une réduction du volume des muscles respiratoires, ce qui se traduit par une baisse de la capacité ventilatoire. Le volume résiduel augmente, et la capacité de diffusion de l’oxygène diminue progressivement avec l’âge, rendant l’organisme moins résistant aux agressions respiratoires.

Le système locomoteur

Le vieillissement du système locomoteur se manifeste par plusieurs changements.

• Les muscles squelettiques
La masse musculaire diminue progressivement, un phénomène appelé sarcopénie, qui est associé à une réduction de la force musculaire et à une diminution de la densité des fibres musculaires de type II. Cela contribue à une fragilité accrue et à un risque plus élevé de chutes.

• Les os et le cartilage
Le vieillissement osseux se caractérise par une diminution de la densité minérale osseuse (ostéopénie), particulièrement chez les femmes après la ménopause, en raison de la réduction des œstrogènes. Le vieillissement du cartilage articulaire se traduit par une diminution de son contenu en eau et une altération de sa composition, entraînant une fragilité accrue des articulations.

Le système immunitaire

Le vieillissement affecte également le système immunitaire, entraînant une diminution des réponses immunitaires à médiation cellulaire, notamment celles impliquant les lymphocytes T. La capacité de

production de certaines interleukines, comme l’IL-2, est réduite, rendant l’organisme plus vulnérable aux infections et moins réactif aux vaccinations.

Le métabolisme

Le vieillissement entraîne des modifications importantes du métabolisme.

• La composition corporelle
La composition corporelle change avec l’âge, avec une diminution de la masse maigre, en particulier chez les individus sédentaires, et une augmentation proportionnelle de la masse grasse, notamment viscérale. Ces changements influencent la capacité de l’organisme à répondre aux stress métaboliques.

• Le métabolisme des glucides
Le métabolisme des glucides est également affecté, avec une réduction de la tolérance au glucose, même chez les personnes âgées indemnes de diabète ou d’obésité. Cette réduction reflète un certain degré de résistance à l’insuline, qui est un phénomène commun du vieillissement.

Correspondance
pa.pioche@ch-moulins-yzeure.fr

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêt.