L’endocardite et les manifestations cutanées

Contexte

Marco est un italien de 72 ans que nous avions rencontré dans un centre d’accueil pour sans domicile fixe il y a quelques années de cela. Il vient nous consulter ce jour, car il présente depuis quelques semaines une altération de l’état général. Il a perdu beaucoup de poids (plus de 6 kg), il est dyspnéique, et explique avoir eu des épisodes de sueurs nocturnes, et de fièvre paroxystique. Ce tableau clinique est apparu il y a 2 semaines.

Ce patient est toxicomane depuis 3 ans, et il s’injecte régulièrement par voie intraveineuse de la buprénorphine, et de l’héroïne. Il est par ailleurs alcoolique, avec une consommation de vin de 2 l/j, et tabagique (40 paquets-année). La veille de cette consultation, il est allé voir un urgentiste à l’hôpital du fait de sa symptomatologie très handicapante. 

Notre confrère lui a administré un traitement symptomatique à base de paracétamol. Ce dernier a également noté des lésions cutanées sur les deux mains qui ont conduit à la prescription d’amoxicilline, du fait d’un diagnostic d’infection cutanée (érysipèle).

Examen clinique 

L’examen clinique du revêtement cutané du patient permet de retrouver :

• des lésions des deux mains de type maculeuses indolores (Fig. 1),

• une douleur très importante de l’extrémité des deux derniers doigts de sa main droite, douleur à laquelle sont associées des lésions kératosiques et nécrotiques (Fig. 2),

• l’existence d’une ulcération au niveau de la jambe gauche sur le trajet de la saphène externe opérée (le patient s’étant injecté de l’héroïne, cela avait conduit à une thrombose avec surinfection 6 mois auparavant de cette même veine) (Fig. 3)