Interview du Dr Marc Villaceque, cardiologue libéral (Nîmes) et ancien président du Syndicat national des cardiologues, vice-président du CNP de cardiologie.
Portée par le CNPCV et le GICC* et soutenue par l’Assurance maladie, la deuxième édition des trophées de l’innovation Outil’IC a annoncé la liste des lauréats ce 11 janvier 2024.
Le concours s’est intéressé à sélectionner des initiatives portées par les professionnels de santé dans le cadre de la prise en charge des patients insuffisants cardiaques, en portant particulièrement son attention sur le premier recours. In fine, il permet le développement d’outils opérationnels diffusés à grande échelle auprès des professionnels de santé.
*Le CNPCV est le Conseil National Professionnel CardioVasculaire regroupant tous les acteurs de la cardiologie française : Société française de cardiologie (SFC), Collège national des cardiologues français (CNCF), Collège national des cardiologues des hôpitaux (CNCH) et Syndicat national des cardiologues (SNC).
Groupe Insuffisance cardiaque & cardiomyopathies (GICC).
La deuxième édition s’est-elle distinguée de la première ?
En effet, la deuxième édition a pu compter sur une hausse de la participation, avec 41 projets candidats contre 34 lors de la première édition. Devant la qualité de tous les dossiers déposés, nous avons réparti les lauréats différemment de l’an passé en créant une nouvelle catégorie : les Partag’IC. Ce sont des outils déjà prêts à l’emploi, contrairement aux projets sélectionnés pour les Boîtes à outils qui feront l’objet d’un travail de développement et de consolidation effectué par le CNPCV et la société ÉthiCare.
Quel est le point commun entre tous les projets présentés ?
Le point commun, ce sont les soignants qui se cachent derrière ces projets : seuls ou à plusieurs, ils se battent tous pour améliorer la prise en charge de leurs patients. À l’heure où le système de santé est en difficulté, c’est encourageant et positif de voir des personnes chercher des solutions. Ces professionnels de santé ne gagnent pas plus d’argent à monter ces projets, mais répondent à un vrai besoin territorial et populationnel.
Un projet vous a-t-il marqué particulièrement ?
Beaucoup de projets ont particulièrement retenu mon attention, mais un me reste en tête : l’intégration précoce des soins palliatifs chez les patients avec insuffisance cardiaque. Car adresser un patient tôt aux soins palliatifs, c’est éviter une fin difficile pour tous. Nous ne pouvons jamais savoir quand est-ce qu’un patient va décéder et, pourtant, il y a beaucoup à faire une fois en phase palliative : l’annonce, la préparation psychologique du patient, l’accompagnement des aidants, la possibilité de préparer une fin de vie à domicile… L’équipe de Lyon a ainsi réussi à améliorer l’adressage en soins palliatifs avant le décès de 7 à 160 jours. Cela paraît long, presque une moitié d’année, mais c’est ce qui permet aux patients de pouvoir mourir chez eux sans souffrance et plus paisiblement.
En pratique, que vont devenir ces projets et où pouvons-nous les retrouver ?
Maintenant que les gagnants ont été annoncés, nous allons consolider avec eux les projets afin qu’ils soient présentés au mois de mai 2024 devant des représentants de l’Assurance maladie, des soignants et des responsables de santé, et des spécialistes de l’insuffisance cardiaque. Après cela, ils seront accessibles en ligne pour toutes et tous, et totalement reproductibles bien sûr.
