Quand recommencer à manger peut tuer…

Antécédents et examen clinique

Mme X, 72 ans, est hospitalisée en court séjour gériatrique en mai  2022 pour une désorientation spatiotemporelle, une anorexie associée à une perte de poids évaluée à plus de 10 kg en 6 mois et à une anxiété.

Dans ses antécédents, on note une intoxication alcoolo-tabagique non sevrée, une broncho-pneumopathie chronique obstructive, un syndrome anxio-dépressif, une sténose peptique de l’œsophage pour laquelle une dilatation a été pratiquée en 2017 puis en 2020. Une nouvelle dilatation prévue initialement 4 à 6 semaines après la dernière n’a pas été pratiquée.

À son admission, la patiente a arrêté toute prise médicamenteuse depuis plusieurs mois.

Elle vit seule dans une maison. Il n’y a aucune aide professionnelle en place. Son fils est l’aidant principal. Du fait de sa perte d’autonomie, Mme X a installé un lit d’appoint dans le salon et n’utilise plus la salle de bains située à l’étage.

À l’examen d’entrée, le poids est de 38 kg, l’examen cardio-pulmonaire est sans particularité, l’abdomen est souple, il n’y a pas de masse palpée ni d’ictère. La patiente présente une dysphagie aux liquides et aux solides. Elle explique ne se nourrir que de yaourts et de madeleines ramollies.

Bilan clinique et biologique

Le bilan biologique objective une insuffisance rénale fonctionnelle (urée 21,7 mmol/l, créatinine 127  µmol/l, soit un DFG à 37 ml/min/1,73 m² selon CKD EPI), une hyponatrémie à 133 mmol/l, une hypokaliémie à 2,2 mmol/l. La NFS est normale. La phosphorémie est à 0,77 mmol/l. Le bilan hépatique est correct.

Le scanner cérébral ne montre qu’une leucopathie périventriculaire. Le scanner thoracique met en évidence un emphysème centro-lobulaire diffus. Au niveau abdominal, il n’y a pas de processus expansif ni d’adénomégalie décelable.