Les temps fort du CIFGG 2018 – Partie 2

Spécificité de la prise en charge de la personne âgée aux urgences : le point de vue de l’urgentiste

Pierre-Nicolas Carron (Lausanne)

En 150 ans, la courbe de la population a beaucoup évolué. Le nombre de personnes âgées « de plus en plus âgées » augmente et les centenaires ne sont plus si rares. À partir d’un certain âge, il y a une augmentation de la consommation des systèmes de santé. Le service des urgences, notamment, devient un passage quasi systématique pour pouvoir accéder aux soins. En Suisse, sur une population de 8 millions et demi, environ 2 millions de personnes consultent les services d’urgence tous les ans.

L’impact des ressources

Le nombre de lits dans les établissements médico-sociaux (EMS, équivalents des Ehpad en France) n’a pas franchement évolué ces dernières années, alors qu’en parallèle nous constatons une augmentation régulière des consultations des personnes âgées dans les services d’urgence (3-4 % de consultations en plus par rapport à 2014, d’après les statistiques du Canton de Vaud). En effet, une personne âgée a plus facilement accès à une ambulance, car il n’y a pas ou peu d’alternative. En parallèle, des services de médicalisation (soignants, ambulances…) sont de plus en plus fréquemment envoyés dans ces EMS. On assiste à un «  choc des cultures  » : un urgentiste formé aux soins aigus (réanimation cardio-respiratoire…) se retrouve à devoir prendre en charge une personne âgée avec des pathologies chroniques et une altération de l’état général. L’étude de Lowthian JA et al. [1] a évalué les motifs des admissions des personnes âgées aux urgences avec la question suivante : «  Pourquoi êtes-vous venu aux urgences  ?  ». D’une part, il y a une pression importante du décideur à envoyer aux urgences pour avoir des meilleurs soins et une rapidité d’action. De plus, les personnes âgées savent qu’elles ont accès à ce système de santé, alors pourquoi ne pas en profiter. Il y a aussi très souvent un manque d’alternative, notamment lorsque le problème survient au milieu de la nuit. Par ailleurs, l’étude nord-américaine de Pines J et al. [2] montre que de plus en plus d’investigations sont réalisées au service des urgences ce qui participe à l’amélioration du système de soin pour le patient âgé.