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Pourquoi la gériatrie ? Les jeunes internes racontent…

Les résultats des ECN 2018 sont tombés. L’heure est maintenant au choix de la spécialité pour les futures internes. Sur les 8 412 postes d’internes ouverts pour 2018-2019, 199 sont dédiés à la gériatrie. Pourquoi choisir cette spécialité ? Nous avons posé la question à Coline, Julie et Maxime, internes en gériatrie depuis 1 an et qui, au fil de leurs témoignages, brisent deux ou trois idées reçues sur cette spécialité dénigrée… à tort !

 

La gériatrie est-elle votre premier choix ?

Coline : Oui, j’ai fait mon premier stage d’externat en gériatrie, et j’ai vraiment tout de suite accroché. C’est une spécialité « humaine », contrairement à d’autres qui ont tendance à déshumaniser le patient. En gériatrie, on reste proche du patient. Par ailleurs, le travail est très varié et pluridisciplinaire. Un peu comme si on faisait de la médecine générale, mais hospitalière. J’ai fait beaucoup de stages pendant mon externat pour tester d’autres spécialités, mais aucune ne m’a autant plu que la gériatrie. Je préfère être spécialiste de la personne âgée plutôt que d’un organe !

 

Julie : La gériatrie n’était pas mon premier choix. Initialement, j’ai fait médecine pour être pédiatre, mais je me suis vite aperçue que cette spécialité n’était pas faite pour moi. J’ai eu le déclic de la gériatrie au cours de la 6e année, après un stage en médecine interne orientée gériatrie. J’ai tout de suite aimé la complexité des situations et le fait de devoir les appréhender de manière globale, en tenant compte des dimensions sociales et éthiques propres à la personne âgée. Après les ECN, j’ai quand même longuement hésité avec la médecine générale. J’ai finalement réalisé que je ne me sentais pas capable de gérer tous les âges de la vie sans être vraiment spécialisée.

 

Maxime : Mon tout premier choix, c’était médecine générale. Je ne voulais pas être spécialiste d’un organe. Mais j’ai beaucoup apprécié l’environnement hospitalier lors de mon externat et je trouvais dommage de partir en médecine générale. Quand j’ai dû faire un choix après les ECN, j’ai longuement hésité entre gériatrie et pédiatrie, car il s’agit de deux spécialités où l’on ne se spécialise pas.

 

« Je préfère être spécialiste de la personne âgée plutôt que d’un organe ! »

Après 1 an d’internat, êtes-vous satisfaits ?

 

Julie : Oui, je suis confortée dans mon choix de spécialité. Je suis actuellement en gériatrie aiguë à l’hôpital Saint-André à Bordeaux, et il y a de tout. De la grande dépendance, certes, mais aussi des personnes âgées en bonne forme, qui perdent un peu en autonomie à cause d’une pathologie, mais que l’on peut vraiment aider. Ce que j’aime, c’est l’atypie de la personne âgée qui nécessite de mener une enquête assez poussée pour décrypter une symptomatologie parfois loin d’être évidente.

 

Maxime : Très satisfait. Je continue d’apprendre au quotidien…

 

Coline : Oui tout à fait. Il y a encore une part d’humanité très présente dans ce métier, et c’est ce que je recherchais. On est souvent confronté à des situations où il faut se poser autour d’une table pour discuter et réfléchir. Beaucoup stigmatisent la gériatrie, en ne voyant que le côté « caca, pipi, démence ». En réalité, cela représente une part infime de notre métier. Par ailleurs, le fait qu’il s’agisse d’une spécialité hospitalière et (bientôt) ambulatoire est très valorisant et diversifie l’exercice. Je pense aussi qu’on a pas la même pression en gériatrie que dans d’autres spécialités, dans le sens où l’on travaille moins dans l’urgence. Faire médecine, c’est beaucoup d’années d’études, et à un moment on peut avoir envie de se poser, « d’avoir une vie » à côté. Je pense que la spécialité gériatrie permet cela, et ce n’est pas négligeable.

 

« Ce que j’aime, c’est l’atypie de la personne âgée »

Quelles sont les principales difficultés ?

 

Coline : Il faut avoir de bonnes bases théoriques et techniques, car il s’agit d’une spécialité pluridisciplinaire qui exige d’aller au fond des choses. Généralement, les patients sont multi-pathologiques, et quand l’une décompense les autres suivent… Par ailleurs, la personne âgée est par définition lente. Elle peut être sourde, aveugle, avoir des troubles de la mémoire, ce qui complique forcément l’interrogatoire. Il faut donc être très patient, savoir lire entre les lignes et évaluer le contexte social, tout en essayant de ne pas brusquer la personne.

 

Julie : Les principales difficultés sont paradoxalement ce qui m’a attirée vers la gériatrie, c’est-à-dire la complexité et l’atypie des personnes âgées. Une autre difficulté, moins perceptible d’emblée, est que l’on doit se battre au quotidien pour nos patients. En effet, les autres spécialités ne voient pas forcément l’intérêt de pousser plus loin les examens ou les traitements quand il s’agit de patients âgés. Pourtant, ceux-ci méritent d’être traités comme tout le monde.

 

Maxime : Sachant que nous prenons en charge des personnes fragiles, la mort est peut-être un peu plus présente que dans d’autres services. Il faut s’y préparer.

 

Selon vous, quelles sont les principales qualités pour être gériatre ?

 

Maxime : L’empathie. Il faut être à l’écoute de la personne âgée, de ses besoins et de ses souhaits pour être en mesure de comprendre et d’accepter pourquoi elle refuse certains traitements et veut parfois prendre un chemin différent de celui qu’on lui propose en tant que médecin.

 

Coline : En gériatrie, on a le privilège de côtoyer la fin de vie, de suivre les gens jusqu’au bout et de les aider dans leurs derniers souhaits. Il faut faire preuve de beaucoup d’empathie et de patience… Je pense que ce sont les principales qualités pour être gériatre.

 

Julie : Je dirais l’empathie et la bienveillance.

 

Propos recueillis par Clémentine Vignon, journaliste santé