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« Quand je serai vieux tout ira bien »

Qu’est-ce qu’un vieux ? Le bien vieillir ? La place des nouvelles technologies ? Le lien social ? Dans son livre « Quand je serai vieux tout ira bien », le Pr Antoine Piau, gériatre du CHU de Toulouse, déconstruit la notion de vieillesse et pose un regard positif et énergique sur la place de nos vieux dans la société. À lire soi-même ou à conseiller à nos patients, cet ouvrage donnera à coup sûr de quoi repenser la société.

Pourquoi avoir choisi la gériatrie ? 

J’ai choisi la gériatrie, car j’avais très peur de m’ennuyer en devenant un ultra-spécialiste. J’avais envie de quelque chose de très généraliste et transversal, et c’est une des rares disciplines transversales que l’on peut faire à l’hôpital. Et ensuite, j’ai basculé vers cette thématique de la technologie pour les mêmes raisons. C’est encore davantage transversal en plus d’être un terrain tout neuf, et donc très intéressant. 

La gériatrie devient-elle attractive pour nos futurs médecins ? 

Elle est de plus en plus attractive pour les jeunes parce que c’est hyper intéressant, tout simplement, très varié et donc transversal. 

En gériatrie tout est à faire, c’est-à-dire que la science fondamentale en gériatrie est presque vierge. Au fond, on ne sait pas ce qu’est un “vieux”, on découvre tout. 

D’ailleurs la notion d’âge biologique est encore bien mystérieuse pour les médecins, on ne peut pas s’intéresser seulement à l’âge de la carte d’identité. 

C’est donc cela qui vous a amené à écrire votre livre « Quand je serai vieux tout ira bien » ? 

J’avais vraiment envie d’écrire quelque chose à contre-pied parce que j’ai toujours été mal à l’aise devant les discours très plaintifs des pays développés quant au vieillissement. Que doivent penser de nous 95 % des gens dans le monde pour qui c’est une réussite absolue en soi ? Pour qui vieillir est un but ultime de vie. 

Quels sont les points qui vous semblent particulièrement importants dans votre livre ?

À chaque fois qu’un journaliste me pose des questions, on me demande « des recettes pour les plus de 65 ans », « pour les plus de 50  ans » etc. J’ai l’impression que l’on a du mal à raisonner autrement que par tranche d’âge. Je pense que cela pose un réel problème parce que l’on sait désormais que l’inclusion et les relations sociales sont un déterminant majeur de bonne santé et du mieux vieillir. Et le lien entre qualité de vie sociale et vieillissement est bien plus puissant que le cholestérol sanguin. Par exemple en tant que médecin, si vous parlez aux gens de relations sociales, ils vont se dire que vous êtes à côté de la plaque. Alors que si vous leur parlez de leur prise de sang, ils vous prendront au sérieux.

Il faut que l’on arrête de raisonner comme ça et de découper tout par tranche de dizaines d’âge en créant une forme d’exclusion sociale liée à un chiffre. Je pense que ça peut expliquer, en partie, le fait que l’on vieillisse plus mal en France qu’en Espagne par exemple. 

C’est seulement mon hypothèse, ce n’est pas prouvé scientifiquement, mais je pense qu’en France il y a beaucoup d’aspects de santé publique où nous ne sommes pas bons, et en particulier parce que l’on n’accorde pas d’importance à l’insertion sociale quel que soit l’âge.

Ou alors, lorsque l’on parle de transgénérationnel cela se fait dans le misérabilisme, comme envoyer des fleurs aux anciens dans les maisons de retraite. Comme si c’était ça du lien social.

Comment créer du lien aujourd’hui ? 

Pourquoi pas les réseaux sociaux ? Ils peuvent créer du lien entre les générations. C’est un super outil de médiation entre petits-enfants et grands-parents. Dans mon livre, je dis que les vieux sont à la mode, car ils sont vintage. En effet, il y a plein de sujets qui reviennent à la mode et l’expertise, ce sont nos grands-parents qui l’ont. Pourquoi ces derniers ne pourraient-ils pas poster des vidéos sur YouTube pour transmettre leurs savoirs ? Je crois que là il y a quelque chose à faire !

 

>Antoine Piau, Quand je serai vieux tout ira bien, aux
éditions Hachette Pratique. 

240 pages. 17,90 €